
Dans ma peau - Guillaume de Fonclare
article rédigé par Dooloo le 17 juil. 2020
Dans ma peau raconte le calvaire de Guillaume de Fonclare, la quarantaine, marié, deux enfants, dont le corps, désormais, est un carcan.
Le mal dont il souffre est un mystère !
Il fait partie de l'immense famille des maladies orphelines, des syndromes systémiques, des maladies auto-immunes, des connectivités et des troubles "sans étiologie".
“Aucun médecin ne saura me dire quelle forme prendra l'échéance finale, ni à quel horizon se feront connaître les termes de ce départ redouté."
Le style, on le voit, est épuré : rien ne vient adoucir le ton ou allumer l'empathie.
Mais s'il ne s'agissait que du récit de ces souffrances, Dans ma peau n'aurait guère d'intérêt.
Il se trouve que Guillaume de Fonclare est - aussi, d'abord - le directeur de l'Historial de la Grande Guerre, à Péronne.
Toute sa vie, il la passe en compagnie des morts.
Pas n'importe lesquels.
Ces morts de 14-18 dont on trouve la trace partout dans l'est de la France, dont on ne finit pas d'exhumer les squelettes ("des dizaines par an").
Ces morts aux corps martyrisés.
Aux corps torturés par les gaz, les éclats d'obus, les centaines de balles tirées depuis des tertres imprenables, les baïonnettes aveugles et les maladies rampantes.
Guillaume de Fonclare ne s'autorise aucun parallèle entre sa souffrance et celles des soldats sur lesquels il veille au quotidien.
Sous sa plume défilent les bataillons de copains anglais massacrés entre 1914 et 1917, les chiffres qui ne veulent plus rien dire tant ils sont vertigineux, les ordres plus imbéciles les uns que les autres que continuaient d'envoyer les généraux alliés...
Il y a dans ce livre une page glaçante. Page 75.
Elle débute ainsi : "Dans la zone où les combats ont été les plus rudes, il est tombé plus d'une tonne d'obus au mètre carré.
Sur cette tonne, trente pour cent n'ont pas explosé.
Et pour éliminer ces trente pour cent, la Sécurité civile nous promet sept siècles de déminage ; sept cents années à craindre et à se méfier."
Sans jamais adopter le ton de la plainte et par le biais d'un vocabulaire largement emprunté au registre militaire, l'auteur nous raconte son parcours du combattant :
- La perte progressive d'autonomie,
- Le lourd passage à la Sécu et au statut d'invalide,
- Le corps devenu vieux avant l'âge,
- La fatigue croissante,
- Les angoisses face aux lendemains incertains,
- Le spectre de la mort et l'effort de vivre malgré tout.
Si l'auteur aborde énormément la mort, il salue également la prévenance des vivants, de ses proches en leur délivrant un message d'amour à la fois sincère et investi d'une certaine pudeur.
Dans cet écrit dédié avant tout à l'homme, Guillaume de Fonclare a su trouver un refuge qui lui a permis d'accepter sa douleur au nom d'une dignité qu'il tient à conserver.
Dans ma peau, récit autobiographique par Guillaume de Fonclare.
Editions Stock.
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